L’accouchement, quelle angoisse !Les femmes souhaitent les meilleurs soins pour leur accouchement et leur enfant, aussi acceptent-elles le plus souvent la médicalisation de la grossesse, et ce d’autant plus que les médias montrent volontiers une image de la naissance pleine de complications et de dangers. De telles descriptions prédisposent les jeunes adultes à percevoir l’accouchement comme effrayant, la péridurale comme incontournable, et la haute technologie comme la façon la plus sûre d’avoir un enfant.
La crainte de l’accouchement, ressentie par 25 % des femmes enceintes, les amène à réclamer des interventions qui peuvent perturber le travail physiologique. Cette appréhension se manifeste sous forme de cauchemars, de douleurs, de difficultés à se concentrer.
La peur de l’accouchement est associée à plus de demandes de césariennes, à un travail plus long, au recours à davantage de péridurales et de césariennes en urgence.
Afin de mettre en corrélation un éventuel lien entre la crainte de l’accouchement et une préférence pour la naissance par césarienne, une équipe de l’université de Vancouver a interrogé 3 680 étudiants (73 % de femmes, 27 % d’hommes), moyenne d’âge 22 ans, essentiellement « caucasiens » (63 %) et asiatiques (23 %) et tous sans enfants, mais souhaitant en avoir.
Les étudiants d’origine asiatique se montrent significativement plus inquiets que les caucasiens au sujet de la naissance et préfèrent plus souvent une césarienne. De fait, le taux de césariennes en Chine avoisine 56 %, et dans certaines régions, la moitié des césariennes sont effectuées sur simple demande de la mère.
Les hommes perçoivent plus la naissance comme risquée que les femmes (76 %vs 66 %), ces dernières étant plus inquiètes des changements du corps (70 % vs 39 %) et souhaitant plus souvent une péridurale (41 % vs 20 %). Hommes et femmes ont rarement une préférence pour la césarienne (8 %), mais 32 % d’entre eux ne sont pas angoissés par cette intervention, cette chirurgie étant souvent perçue comme un acte de routine, moins douloureux et plus pratique qu’un accouchement par voie basse. Ceux qui préfèrent la césarienne sont ceux qui sont le plus favorable à une « prise en charge technologique » de la naissance (12 % vs 6 %), tout comme ceux qui s’inquiètent des effets de la grossesse sur le corps. Par contre le fait de considérer la naissance comme risquée ne modifie pas le souhait de recourir à la césarienne, ce qui suggère que la césarienne n’est pas perçue comme diminuant les risques obstétricaux.
Les médias exercent la plus grande influence sur la question de l’accouchement (56 %), avant la famille et l’école (40 % et 41 %). Les plus exposés aux médias sont les plus sensibles à la crainte de l’accouchement et préféreraient trois fois plus souvent une césarienne que ceux, moins inquiets vis-à-vis de la naissance, qui reçoivent les informations par leur famille. Les émissions sur l’accouchement surreprésentent les complications obstétricales et ont tendance à dépeindre la naissance comme dangereuse. Ces émissions de téléréalité glorifiant l’hyper médicalisation pourraient avoir un effet négatif sur les jeunes adultes en banalisant certains effets néfastes de la technologie. De nouvelles normes culturelles décrivant la naissance comme imprévisible, risquée, et nécessitant une intervention technologique, perpétuant un climat de peur autour de la naissance, sont ainsi intégrées par les étudiants.
Cette étude montre que la peur de l’accouchement peut être antérieure à la grossesse ; il est donc possible d’intervenir en amont via des programmes d’éducation pour contrecarrer l’image donnée par les média.
Références : Stoll K. : Why are young Canadians afraid of birth ? A survey study of childbirth fear and birth preferences among Canadian University students. Midwifery, 2014 ; 30 : e220-e226
source : jim.fr